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Jacques

Jacques Mercier père de Gilles dont voici le témoignage

Inspecteur en santé et sécurité du travail pour la CSST/CNESST, d’aucune façon je n’aurais imaginé que mon père deviendrait une victime de l’amiante. À cette époque, malgré les responsabilités qui incombent au préventionniste que j’étais, mes connaissances des dangers associés à l’amiante étaient très limitées. La problématique amiante en établissement n’était pas une priorité pour l’organisation.


Ce n’est que vers 2010, en raison d’une toux persistante, que j’ai commencé à discuter avec mon père d’une exposition possible à l’amiante dans ses activités professionnelles. Je lui ai alors remis des dépliants et articles de périodiques sur le sujet afin qu’il les présente à son pneumologue de Chicoutimi. Pour ce spécialiste, il était impossible que ses activités professionnelles soient en cause et toute exposition possible à l’amiante était de facto exclue. C’est en 2013 que des médecins du CHUM ont finalement diagnostiqué l’amiantose, diagnostic qui a même été mis en doute par son pneumologue traitant.


Mon père a débuté sa carrière à la fin des années cinquante comme ferblantier pour une entreprise spécialisée en chauffage. Pendant la saison chaude, pour ne pas mettre à pied ses employés et risquer de les perdre, l’entreprise prenait des contrats de toiture. C’est pendant ces activités, lorsqu’il agissait comme couvreur, que mon père a été le plus exposé à l’amiante. En effet, un toit plat goudronné doit être recouvert de gravier, de pierres concassées pour le protéger de la chaleur et des rayons du soleil. L’entreprise s’approvisionnait en pierre concassée à Thedford Mines, de gravier produit à partir des débris miniers provenant de l’extraction de l’amiante. Le gravier était transporté par camion au chantier, pelleter dans des chaudières, monter sur le toit et étendu manuellement. Les émissions de poussières étaient importantes lors de ces travaux.


Les derniers mois de la vie de mon père ont été très difficiles : prise de plusieurs médicaments, besoin accru d’oxygène, installation d’un drain permanent pour évacuer le liquide de ses poumons et perte progressive de ses moyens et capacités. Malgré tout, il restait lucide à cent pour cent. C’est comme si le peu d’oxygène disponible dans son corps était principalement dirigé vers son cerveau. Dans les dernières semaines, nous devions soulever ses jambes sur le lit pour l’aider à s’étendre.


Mon père était un homme généreux, actif, impliqué dans sa communauté et toujours prêt à rendre service. L’amiante lui a volé plusieurs années de sa vie de retraitée avec son épouse, ses enfants et petits-enfants et ses nombreux amis et collègues retraités.


Jacques
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